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De la formation franco-québécoise à la direction de grands projets au Canada - Florent Pigeyre, EPF 2001

20 décembre 2020 Association
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Découvrons le parcours de Florent Pigeyre - EPF 2001 formation franco-québécoise en partenariat avec l'École de Technologie Supérieure de Montréal, option Génie en Production automatisée.

Aujourd’hui directeur de projets senior à la Canadian National Railway, Florent gère pour la compagnie des projets pesant plusieurs millions de dollars, et des équipes d’une centaine de personnes.

 

  • Comment as-tu vécu ton expérience à l'EPF (cours, vie associative, vie étudiante) ?

Ce qui m’a fait choisir l’EPF était l’échange structuré dès le début et pour 5 ans, les diplômes valables dans les 2 pays et la possibilité de voyager 2 années pleines avec études et stage à l’étranger. Il s’agissait d'une expérience internationale complète, la découverte d’un nouveau monde. Dès la première année au Canada j’ai observé une montée en maturité personnelle accélérée. C’était très formateur individuellement. En 1 an, j’ai appris l'équivalent de ce que j’avais l’habitude d’apprendre en 3 ans.

J’ai aimé le contenu des études, l’ouverture d’esprit et la qualité de vie à Montréal. L’aventure m’a laissé un si bon souvenir qu’elle m’a amenée à revenir plus tard à Montréal (en 2011, après 10 ans de vie professionnelle en France).

 

  • Quels ont été les moments forts de tes années étudiantes ?

 Des souvenirs marquants :  

  • Le premier jour, à l’arrivée au Canada on chantait « l’Amérique je la veux et je l’aurai » ! Nous étions tous en pleine effervescence, et avions besoin de partager cette expérience forte avec les moyens de communication de l’époque. Nous nous sommes tous dirigés vers les cabines téléphoniques pour prévenir nos familles que nous étions bien arrivés. Il n’y avait pas encore internet partout, seulement le téléphone.
  • Ensuite, le premier stage dans une entreprise anglophone. Le fait de voir que je pouvais travailler en anglais a déclenché plein de choses chez moi. Et au moment de faire un stage en France j’ai trouvé ça tellement banal, j’ai voulu faire quelque chose de plus enrichissant et j’ai trouvé un stage au Mexique. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré ma femme.
  • J’ai globalement vécu 5 années superbes où j’ai pu nouer des amitiés très fortes, qui résistent malgré la distance.

 

  • Une fois ton diplôme en poche, quelle a été ta première activité professionnelle ?  Dans quelle entreprise ?  

J’ai été consultant en organisation pour un cabinet de conseil en management, aussi éditeur de logiciel de modélisation organisationnelle d’entreprise. J’ai ensuite travaillé sur des missions en France puis en Europe pendant 10 ans dans plusieurs cabinets. J’ai toujours eu une préférence pour les missions dans des entreprises ou pays à culture anglo-saxonne comme l’Angleterre, l’Allemagne ou encore la Suisse. J’étais plus à l’aise dans les cultures d’entreprise orientées résultat plutôt que dans les organisations hiérarchiques françaises. Ces expériences professionnelles m’ont poussé dans l’idée qu’il serait bien d’aller vivre dans un pays à culture anglo-saxonne. Je suis mal né en France (Rires). Ayant bien aimé le temps passé à Montréal durant mes études, j’ai pensé qu’il serait bien d’y retourner.

 

  • Qu'est-ce qui a changé au cours de ces dernières années ? 

En 2011, je décide avec ma famille de venir m’installer à Montréal avec un visa de résident permanent qui permet de travailler et étudier librement. Connaissant bien le monde du conseil, j’ai rejoint une petite structure de conseil. J’ai donc changé de pays et suis resté dans le même secteur. Au bout de 3 mois, j’ai été intégré au sein d’une grande société d’investissement et d’assurances où j’ai véritablement commencé à gérer des projets de tailles de plus en plus significatives.

J’y suis resté jusqu’en 2017 avant de rejoindre le CN, leader canadien du transport ferroviaire de marchandises. La CN est un acteur indispensable dans ce pays où les distances sont bien plus grandes qu’en France. Je dirige des projets de déploiement de logiciels pour des clients internes. Ces projets représentent plusieurs millions de dollars, et des équipes d’une centaine de personnes.

 

  • Qu'est-ce qui a déterminé ton choix de carrière ?

Ce qui m’intéressait en début de carrière était l’ouverture. J’avais envie de toucher à tous les secteurs et tous les métiers. Je n’étais pas indécis, mais curieux. J’avais soif de tout apprendre. J’ai donc choisi un petit cabinet, non structuré par secteurs comme le sont habituellement les grands noms du conseil.

La question « dans quelle industrie souhaites-tu te spécialiser ? » me gênait, car elle m’enfermait. J’étais motivé par l’envie de trouver une entreprise qui me permettait de découvrir tous les secteurs (transports, luxe, assurance, banque, grande distribution, etc.). Après avoir évolué dans différents secteurs, ce qui me motivait était le rôle, la fonction que j’occupais. Je préfère gérer des personnes plutôt que du code informatique par exemple. Je me suis donc dirigé vers la gestion de projets, le secteur venant en seconde considération.

 

  • Comment s'est passé ce virage dans ta vie professionnelle ?

J’ai choisi de retourner au Canada par rapport aux attentes et à la vision que j’en avais en tant qu’étudiant. En tant que père de famille, il n’y a pas eu tant de différence que ça. Ça s’est bien passé, les canadiens sont très accueillants.

Ici, les gens te donnent ta chance relativement rapidement. Ils sont prêts à te donner l’opportunité d’essayer car le risque qu’ils prennent est relativement faible, le préavis de licenciement est de 2 semaines. En cas de congédiement, le départ est généralement immédiat et on te paie, au minimum, les 2 semaines. C’est un fonctionnement très dynamique !

 

 

  • Quel lien as-tu gardé avec l'école ou l'association des alumni ?

Le Covid a créé une nouvelle dynamique humaine, tout le monde est affecté. Le travail à distance implique stress et défis pour maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Je me suis dit qu’il fallait aider, être actif et ne pas laisser les gens s’isoler. Cependant, pour s’entraider, il faut se connaître. Un passé commun pouvant être générateur de liens, j’ai pensé à retrouver les anciens de l’EPF.

J’ai participé à un événement networking de l’association alumni, l’occasion de rencontrer d’autres diplômés de l’école. Lors d’un appel à idées, j’ai spontanément proposé de créer le groupe alumni Canada.

Ce n’était pas prévu initialement, mais j’ai continué les échanges avec Anne-Marie Seguin qui m’a soutenu dans cette action.

Grace à un travail de recherche via l’annuaire de l’AEPF et LinkedIn, j’ai contacté les 150 anciens EPF au Canada.

J’ai créé en juin 2020 un groupe LinkedIn qui réunit aujourd’hui une cinquantaine de personnes. Puis j’ai envoyé un questionnaire pour qualifier les besoins des membres.

Une première rencontre a été organisée en septembre 2020 avec une dizaine de personnes.

Elle était animée par Philippe de Alberti (EPF 2003), qui nous a éduqué sur les bénéfices de l’intelligence émotionnelle en entreprise. Je suis maintenant en train de préparer la prochaine rencontre pour la rentrée 2021.

 

  • Si tu avais un conseil pour un.e lycéen.e, un.e étudiant.e EPF ou un.e jeune diplômé.e quel serait-il ?

Assez classique, on dit que les voyages forment la jeunesse et je ne peux pas être plus en accord avec cela. Il faut énormément bouger, et si possible dans un pays complètement différent, en Asie ou en Afrique, car plus c’est différent plus c’est enrichissant. Quand on est jeune, sans contrainte familiale, c’est le bon moment pour voyager. Avec le temps on a plus de moyens financiers, mais aussi plus d’attaches qui nous retiennent.

Un autre point : se concentrer uniquement sur le salaire au début est une grosse erreur. Je vous conseille de choisir par rapport au manager et au support que vous aurez, qui ont plus de valeur à long terme. Mieux vaut être moins bien payé au début et bien coaché, que l’inverse. Basez vos choix sur des managers qui vous feront monter en compétence. Si l’expérience augmente, la partie financière suivra mécaniquement. Et puis, les gens quittent les entreprises plus souvent parce qu’ils s’entendent mal avec leurs managers que parce qu’ils sont mal payés.

Le système français donne tellement d’importance au classement des écoles que l’on croit, à tort, que le plus dur est fait. En réalité, la fin du cycle des études correspond au début du cycle professionnel dans lequel il y a tout à apprendre. Par ailleurs, à l’étranger les entreprises ne connaîtront pas vos écoles ou universités, tout le monde est sur le même pied d’égalité.

Enfin, je voudrais insister sur l’importance du réseau dont j’ai pris conscience trop tardivement. Je pense que la notion est mal comprise en France, où on croit qu’avoir des opportunités grâce à son réseau est une forme de piston. Être intelligent, c’est aussi se faire connaître, savoir bâtir et utiliser son réseau et celui de ses contacts. Ce n’est pas toujours ton premier cercle qui t’apporte la solution. Mais de réseau en réseau, une relation gagnante pourra sans doute t’aider. Un réseau se bâtit sur des années, en créant des relations privilégiées au fil des rencontres.

 

  

Envie d’en savoir plus sur le parcours de Florent ?

N’hésitez pas à le contacter via LinkedIn  ou jetez un oeil au groupe EPF Canada

Par Lyvia Lapeby - EPF 2015

 




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